Shane c’est avant tout deux facettes. Deux lui qui se marient à merveille et dont l’un était parfaitement inconnu de tous… ou du moins ceux qui l’avaient connu n’était plus là pour en parler ou n’avait jamais osé le faire il y a des siècles. Et puis même s’ils l’avaient fait, qui l’auraient cru ? Personne sans aucun doute, car le sorcier avait toujours eu un certain pouvoir tout au long de ses vies, du moins c’est un fait dont beaucoup sont persuadés et un fait qui est très certainement véridique. Après tout il a toujours été très apprécié et respecté par ses paires depuis qu’il s’était définitivement installé en Australie en qualité « d’ancien sorcier ». Il a toujours fait parti des plus vieux et aujourd’hui il fait lui-même parti des derniers Anciens. Aimant à la fois avoir une fonction de leader quand l’occasion se présente et sa tranquillité parfaite et totale. Paradoxal mais il est comme ça Shane.
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Il pleuvait. Une fine pluie nocturne comme il les aimait tant, rien n’avait d’égal dans son cœur. Surtout lorsqu’il était en train d’écrire. Mais cela personne ne le savait, personne ne connaissait son passé, pas même ses compagnons les plus proches. L’Ancien ne faisait pas suffisamment confiance à ses compagnons pour en parler et puis il avait tout simplement tiré un trait sur ce qu’il avait été. Comme à chaque fois.
«
MERDE ! »
Shane détestait repenser à cela. Laissant, un instant, de côté ses écrits il tendit sa main à travers la fenêtre entrouverte. La pluie coula sur sa paume, traçant de longs sillons sur sa peau blafarde, se délectant de la sensation sur son épiderme. L’humidité, et la froideur des gouttes. Yeux clos il se laissa aller à toutes les réflexions qui le travaillaient si souvent. S’occuper du conseil demandait un travail énorme, tout cela parce que certains d’entre eux étaient trop stupides pour réfléchir un tant soit peu et se comporter correctement. Des crétins. Une véritable honte pour leur espèce, mais tant qu’il serait là, il ne laisserait rien mettre en péril ce dont il avait acquis. Mais pas cette nuit, pour l’instant il voulait juste écrire et entendre le son de sa plume sur le papier. Car aussi intéressante que pouvait être l’époque dans laquelle il se trouvait, Shane aimait écrire avec une plume. Tout simplement apaisant. Mais alors qu’il se remettait doucement à son travail, le sorcier entendit un bruit de pas derrière sa porte. Un pas qu’il reconnaissait entre tous, et qu’il, il fallait bien l’avouer, détestait.
«
Plutôt que de trainer dans les couloirs pourquoi ne pas venir me dire ce que vous désirez, Mademoiselle Shaw ? » Il la vouvoyait, toujours. Non pas par respect mais pour qu’elle n’oublie pas la distant qu’il laissait encore leurs deux personnes. La jeune fille ouvrit la porte avec une extrême prudence.
«
Je craignais vous déranger. »
Le sorcier ne releva pas, de toute manière c’était toujours le cas. Parce qu’elle n’était qu’une stupide gamine. Et en plus il fallait qu’elle soit sa protégée ! Mais pourquoi le seul humain qui avait mérité sa considération avait eu une fille ? Soupire. Rien ne servait de pleurer sur le passé, mieux valait parfois faire des concessions. D’un geste de la main il invita la jeune fille à pénétrer dans la pièce, de l’autre il referma le livre dans lequel il écrivait encore il y a quelques minutes. En y réfléchissant bien, Adélaïde était tout de même une des seules personnes qui pouvait pénétrer dans les appartements du chef du Conseil. Fait assez étrange en soit. D’un pas timide la jeune étudiante pénétra dans la pièce, referma la porte et resta plantée devant celle-ci, aussi silencieuse qu’une tombe. Un nouveau geste et elle répondit à nouveau à cette injonction muette. Shane, ne prenant même pas la peine de se lever, attendit patiemment que cette enquiquineuse prenne enfin la parole.
«
Je reviens de l’EMA. » Oui et alors, elle était censé y étudier de toute façon non ? Un sourcil interrogateur se dressa au-dessus dessus du regard sombre de la créature. «
Un des professeurs m’a demandé de venir dans son bureau… » Un silence gênée. Shane eut du mal à contenir l’hilarité qui le prenait à l’instant.
«
Et tu es venue m’annoncer que tu faisais des progrès ? Qu’on allait te nommer meilleure élève du mois ? Viens-en aux faits Ada, tu n’as jamais été capable d’utiliser ta cervelle. »
Cette fois il partit d’un rire franc. Le fait est qu’il l’avait toujours trouvé idiote à chaque fois qu’il l’a retrouvé dans un de ces cycles. Ce qui c’était déjà produit 4 fois exactement. A croire qu’elle le suivait. Sauf que cette fois ça n’aurait jamais dû se produire, car elle était arrivée… avant lui. Dire qu’il avait juste fait une promesse, une seule il y a déjà plusieurs siècles mais voila, à chaque fois elle s’en souvenait. Et la jeune Ada était certainement la personne qui l’importunait le plus car il ne pouvait rien lui faire directement… alors qu’il le pourrait très bien. Et qu’elle était la seule qui restait une attache avec ses vies d’antan. Et ça l’emmerdait profondément.
C'était amusant, enfin… façon de parler, rien ne l’amusait en vrai, de repenser que lors de leur premier cycle il l’avait confié la petite au bon soin d'une de ses employées. Une qui était à la fois assez douce pour ne pas brusquer la petite mais assez brute pour ne pas faire preuve de scrupules. Il avait tout de même une image à tenir, et se coller une gamine dans les pattes pendant qu’il travaillait… très peu pour lui. D’ailleurs s’il se souvenait bien les deux femmes s’étaient assez vite relativement bien entendu. Enfin d’après les échos qu’il en avait eu, et puisqu’Ada n’était jamais venu le voir pour le supplier de ne plus lui imposer cette présence, il en avait déduit que cela avait dû être vrai. C’était un peu dommage, car il aurait bien aimé que cette situation se produise. Rien que pour le plaisir de refuser cette requête à sa fragile « protégée ». Cruel certes, mais au moins il aurait eu une bonne distraction pendant quelque temps.
«
NON ! » Au son de sa voix, il devina qu’il l’avait grandement vexée. Une bonne chose de faite. «
J’ai commis une erreur, ce n’était pas vraiment un professeur… »
«
Et si tu t’en tenais aux faits plutôt que de tourner autour du pot ? » Elle l’épuisait.
«
Il s’agissait de la nouvelle directrice en fait et elle m’a dit que si j’avais envie de lui confier des choses à votre sujet je pouvais très bien la voir quand je voulais. Apparemment elle sait que nous sommes proches et comme je sais que vous ne vous entendez pas très bien… »
Ainsi dont elle était au courant. A toujours trainer dans les couloirs comme elle le faisait cela ne l’étonnerait même pas qu’elle écoute de temps à autre aux portes. A l’instant il l’aurait volontiers étranglée mais ce qu’elle lui avait dit le préoccupait bien plus.
«
Que lui as-tu répondu ? » Un temps de silence. Pourquoi diable prenait-elle toujours autant de temps pour répondre ? «
QU’AS-TU REPONDU ?! » Sa voix se faisait glaciale, bien que toujours aussi mélodieuse, et ses dents semblaient grincer.
«
Euh.. » Elle avait sursauté, rien de mieux pour l’irriter bien plus encore. « J
’ai dit que c’était d’abord mais je ne dirais rien c’est promis ! » Comme s’il pouvait vraiment lui faire confiance.
«
DEHORS ! »
Cette fois il hurla pour de bon. Mais ce qu’il ne s’avouera jamais c’était qu’il l’avait mise à la porte uniquement pour ne pas passer ses nerfs sur elle et la mettre en pièces. Réflexe inconscient, écho de sa promesse passée. Il devait agir et vite, cette garce allait surement lui mettre des bâtons dans les roues. Elle visait son poste, il le savait. Mais jamais il ne lui laisserait les rênes du Conseil, elle était bien trop ouverte, bien trop proche de ses foutus mortels. Tout ce qu’elle ferait c’est de foutre tout leur savoir en l’air. Pourquoi avait-il donc fallu qu’il se réveille en même temps que cette chieuse qui passait son temps à lui casser les pieds ? Comme s’il lui avait demandé quelque chose… Et pourquoi donc deux anciens en même temps ? Que c’était-il encore passé ?
Un long silence. Un bris de verre résonna dans la demeure.
- Citation :
- Précisions :
• Il est obsédé par la perfection et la précision.
• Il est d'une exigence hors norme. Pas étonnant que rien ne lui convienne.
• Il s'emporte très vite et pour un rien.
• Il est assez facile de sentir qu'une colère de l'Ancien est sur le point de tomber, il grince toujours des dents avant.