Une autre vie, un nouveau rêve. [Pv Z. Melody Lockhart ]

J’attaquais une autre page de mon histoire ; plus belle, plus fascinante que les précédentes, je le savais.
Je n’imaginais rien, ne pensais rien - ce jour là. J’espérais seulement que l’établissement tiendrait ses promesses. Je n’avais rien perdu de précieux en quittant Perth. Un peu de calme, de tranquillité certainement.
Bien que, je ne sois jamais paisible où que je sois, quoi que je fasse. Cela je le savais pertinemment. J’avais beau décoller, mes ailes infirmes entravaient mon envole. La maladie me collait au sol en permanence. J’avais beau courir, elle me rattrapait à une vitesse surnaturelle. Elle allait toujours plus vite, était infiniment plus rapide que je ne l’étais.
Je commençais à avoir peur. Peur qu’elle n’arrive avant moi à L’EMA. Peut-être qu’elle m’attendait déjà, au fond. Il suffirait alors que je passe les portes pour qu’elle me saute dans les bras, j’en étais certaine. Mais pas pour m’enlacer d’exaltation. Elle m’étreindrait jusqu’à m’étrangler. Et alors j’expirerai - étouffée par mes symptômes.

Mais cela je ne le voulais pas. J’estimais qu’il suffisait d’y croire toujours plus chaque jour, pour vivre une vie ordinaire. Tant que nous avons de la volonté, il n’est pas si compliqué de faire un pas devant l’autre. Et mon chemin serait long tant que je gardais encore espoir. Aller jusqu’à l’extrémité de mon destin, c’était tout ce que je souhaite. Parce que finalement, je n’avais subi que trois crises en bientôt seize ans, et même si je savais pertinemment qu’elles n’étaient pas périodiques et qu’elles pouvaient très bien se répéter dans un intervalle de temps court, je savais également qu’elles pouvaient se dissiper avec les années. Et finalement, mes légers trous de mémoire et lacunes n’étaient pas conséquents et n’avaient aucune autre conséquence sur mon cerveau. J’étais simplement un peu plus étourdie que la normale, voilà tout.

Je n’avais emporté avec moi qu’un vieux sac à dos, deux jeans, quelques hauts, et Pépé. Au bout d’une dizaine d’année, il était d’avantage semblable à un chiffon, qu’à une peluche. Mais enfin, c’était mon doudou, malgré mon âge je ne pouvais m’en séparer. Surtout pas ce jour là. Le portail, derrière moi, se referma dans un bruit sourd. Voilà, j’étais désormais seule au monde. Enfin c’était un grand mot. Milward ne serait plus là pour m’aider. Je me remémorais difficilement ces derniers conseils. Use et abuse des sourires. Pleure, rie, ressens le plus infime des sentiments tant que ton cœur te le permet. Mais surtout Lottie, habitue-toi à tout ce qui décourage. Je pouvais encore entendre sa voix. Et je savais que c’était surement la dernière chose dont je me rappellerais, à l’avenir. Enfin, normalement.

Je parcourus la cour de béton, le plus lentement possible. Mes yeux se mirent à divaguer entre les différents bâtiments. Alors que je marchais en direction du hall, je fus perdue dans ma contemplation. Le lieu était plus qu’admirable, il était magique. Et ce n’était pas qu’une métaphore. La bâtisse principale, la plus imposante, se dressait devant moi de toute sa hauteur. Je retenais mon souffle ; ici je n’étais rien. Juste une fourmi parmi tant d’autres. Face à moi, les élèves s’entremêlaient dans la cohue générale. Je m’aventurai parmi eux dans l’immense hall. Les faisceaux de lumière qui traversaient les spacieuses ouvertures du mur, baignaient la pièce de clarté. Le lieu était tout autant impressionnant que sublime. De nombreux jeunes se croisaient ; certains d’entre eux restaient à bavarder sur place, d’autres se saluaient, échangeaient quelques banalités avant de repartir dans une autre direction. Et moi, j’étais véritablement perdue.

« Si tu te fais chopper tu vas vraiment avoir de sacrés problèmes ! »
« Mais qui te dis que je vais me faire avoir ? »
« Tu te fais toujours attraper dès que t’essayes de faire un gros coup mais cette fois tu vas finir coller jusqu’à la fin du trimestre… »
« Tout de suite les grands mots. » Elle lève les yeux au ciel, moi j’ai l’habitude de ses tentatives de raisonnements vaines mais bon je ne peux jamais m’en empêcher, ça m’ennuie qu’elle se fasse autant coller. « J’y vais toute seule alors. »
« Roh mais… » Oui comme d’habitude ça ne sert à rien, Skye est déjà partie mettre son mauvais plan à l’œuvre mais je suis prête à parier que ma tante va lui tomber dessus… ou peut-être Lexie qui sait. Mais franchement alors qu’on est à peine à la rentrée. Elle y va un peu fort cette année. Mais que puis-je faire de plus ? Rien absolument rien. Et puis de toute façon c’est souvent comme ça avec elle et même si elle est ma meilleure amie je ne peux pas me risquer à quelque chose d’aussi répréhensible et dangereux. Alors je préfère laisser pisser, de toute façon elle finira bien par revenir, qu’elle ait réussi ou échoué.

Alors je préfère aller me balader dans le hall, histoire de passer le temps et histoire de trouver Leif. Ça faisait un petit moment que je ne l’avais pas vu et je me demandais bien ce qu’il devenait celui là aussi. A tous les coups il était enfermé dans sa chambre à profiter des derniers instants de libres avant notre rentrée à nous pour dessiner – et à ce moment là je préférais ne pas le déranger – ou alors il était en train de travailler avec le professeur Nightingal, et là encore ça serait dur d’aller le voir. Ça m’ennuyait un peu, je n’aimais pas rester trop longtemps sans nouvelle comme ça mais ce n’est pas comme si j’allais lui courir après non plus. Je n’avais plus qu’à espérer le croiser au tournant d’un couloir.

Mais pour l’instant je ne croisais qu’une flopée d’élèves nouveaux que je ne connaissais pas encore, d’autres qui arrivaient et se préparait à s’installer. Mais pas celui que je cherchais. Et puis la lumière qui filtrait à travers les immenses fenêtres commençait à me faire un peu mal aux yeux. J’essayais de me dire que c’était parce qu’il faisait un peu trop clair pour ne pas repenser à mes problèmes. Sauf que le souci c’est que je ne voyais plus vraiment où j’allais et ce n’est qu’au dernier moment que je l’aperçu et m’arrêta juste avec de lui rentrer dedans.

« Oh pardon je ne t’avais pas vu. » Certes je l’avais évité de justesse mais réflexe oblige. Et puis je m’apprêtai à reprendre mon chemin, n’ayant pas la facilité à nouer rapidement le contact avec les nouveaux. Et peut-être qu’elle n’en avait pas vraiment envie. Sauf que je ne pus m’empêcher de voir qu’elle ne semblait pas très à l’aise en ce lieu. Un peu comme moi lors de mon tout premier jour ici mais moi j’avais eu la chance d’avoir de la famille, contrairement à beaucoup, beaucoup d’élèves, et je me sentirais coupable de simplement l’ignorer après avoir manqué la renverser. Après tout les profs ne cessaient de nous répéter que les plus anciens devaient aller aider les nouveaux d’eux-mêmes.

« Tu viens d’arriver ? » Sauf que moi je ne savais décidément pas comment aborder les gens. « Je suis vraiment désolée pour tout à l’heure encore une fois. Mon nom à moi c’est Melody. » Se présenter c’est déjà pas mal. Et puis je repérai ce qu’elle avait dans les bras. « Oh c’est mignon c’est quoi ? » M’enfin je me doutais bien de ce que c’était pour en avoir moi aussi plusieurs dans cet état là, et Skye se fichait toujours de mes goûts parfois un peu douteux –selon elle – en matière de « mignon ».

Je n’ai pas eu le temps de la voir arrivée. Peut-être que j’étais un peu trop perdue dans mes contemplations. Enfin, j’étais perdue tout court. C’est juste au moment du choc que j’ai fait attention à elle. Elle s’est aussitôt excusée. Je crois que je n’ai pas eu le temps de lui répondre, j’étais tétanisée. Je n’osais rien faire et faisais probablement peine à voir car la jeune fille avait continué un instant son chemin avant de revenir vers moi.

- Tu viens d’arrivée ?

Je hochai légèrement la tête. Elle semblait très à l’aise avec tout ça et cela ne m’aurait pas étonné si elle étudiait ici de puis quelques temps déjà. Je n’arrivais pas vraiment à réfléchir, j’avais tellement peur. Jusqu’à là, ça allait. Mais maintenant, je me sentais toute petite parmi tous ces gens qui couraient dans tous les sens. Je resserrais un peu plus mes bras contre Pépé, pour les empêcher de trembler. Enfin, malgré mon trac, je déduisais que les élèves étaient plutôt sociables. Ce qui n’étais pas vraiment mon cas, à dire vrai. Ou peut-être. Je ne savais pas trop en fin de compte. Je n’avais jamais eu beaucoup de visites à Perth.

- Je suis vraiment désolée pour tout à l’heure encore une fois. Mon nom à moi c’est Melody.

Elle était toute excusée. Je baissai la tête de côté, jetant un coup d’œil furtif derrière la jeune fille. Visiblement, ce genre d’accident devait arriver bien souvent. De longs cheveux fauves tombaient sur ses épaules. Elle était très jolie. Melody. Son nom aussi était joli. Vraiment joli … Elle avait l’air gentil, en tout cas. Et j’espérais secrètement qu’ils soient tous un peu comme elle. Mais enfin, il y avait peu de chance. Je lui offris un sourire sincère avant de lui répondre.

- Je m’appelle Lottie.

Il y a encore quelques semaines je passais mes journées, enfermée dans un hôpital et maintenant je m’apprêtais à intégrer une école de magie et à suivre des cours dont je ne soupçonner même pas l’existence. C’était assez chamboulant à vrai dire. Et je n’avais personne pour m’épauler désormais. Milward n’était plus là. Il ne le serait plus jamais. Mais enfin, j’avais décidé de prendre sur moi, je devais avancer par moi-même. Je n’avais plus le choix. Peut être que Melody pouvait m’aider. Je l’espérais. Elle adressa un rapide regard à la charpie que je tenais entre mes bras. Elle sourit, me demandant ce que c’était. Elle trouvait ça mignon. J’étais tenté de penser qu’elle se fichait de moi, mais elle semblait sincère. Au fond, c’était vrai, Pépé était mignon. C’était même le plus joli doudou du monde.

- Je te présente Pépé … mon doudou, expliquais-je amusée. Je ne savais pas trop pourquoi, mais lui parler m’apaisait. C’était idiot mais j’avais comme l’impression de reprendre un peu plus de courage ; d’assurance. Excuse-moi mais …Tu vas en cours là ?

« C’est très joli comme prénom, Lottie. »

C’était sincère mais c’était aussi une manière de la mettre à l’aise. C’était toujours plus agréable des mots gentils quand on débarquait dans un endroit totalement inconnu, avec autant de monde. Surtout que certains énergumènes étaient loin d’être très sympathiques avec les nouveaux et même s’ils étaient généralement attrapés et punis… ça laisse toujours des traces ce genre de conneries. Enfin bon comme on dit il y a des cons partout mais plus je la vois plus je me dis qu’elle ferait quand même une cible de choix pour tous ces crétins sans cervelles… parce que bon mine de rien, se balader avec une peluche ce n’est pas anodin non plus. Mais je ne sais pas trop si c’est judicieux de le lui dire maintenant. Une chance que je lui sois tombée de dessus.

« Pépé ? C’est marrant comme nom ! » Ce n’était pas dit méchamment non non, juste que c’était vraiment amusant comme petit nom. En tout cas elle avait l’air drôlement attachée à sa peluche mais je n’avais toujours pas réussi à identifier ce qu’il pouvait être tellement il avait l’air vieux. « Mais dis moi c’est un ours ou je me plante complètement ? On dirait que ça fait super longtemps que tu l’as. » Puis une idée me traversa l’esprit. « Si tu veux je te montrerais les miens quand tu seras installée dans ton dortoir. J’en ai tout plein, tout plein ! Ça rend ma meilleure amie dingue, comme je partage ma chambre avec elle… et ma tante qui travaille ici aussi. Elle dit que je suis trop vieille pour tous ces nounours mais bon je ne suis pas vraiment d’accord tu vois. » J’adorais mes peluches et il était tout bonnement hors de question que je m’en sépare. Puis bon ce n’était pas comme s’il y en avait partout dans ma chambre… enfin… si un petit peu mais bon ils ne dérangeaient personne. D’abord.

Et puis il y eu une simple question venant d’elle. Eh bien c’était un bon début.

« Non je n’ai pas encore eu cours, seuls les premiers années ont débuté leur première année de cours. Moi je commence la semaine prochaine. » Ah si seulement nous avions déjà cours… je ne passerais pas mon temps à courir après deux certains empotés qui me faisait littéralement tourner en bourrique. « En fait je cherchais un ami à moi qui se fait un peu fantomatique cette semaine. C’est un peu embêtant de toujours passer son temps à le chercher… mais bon il finira bien par réapparaitre un jour. » Et comme pour ne pas l’inquiéter je rajoutai. « De toute façon ce n’était pas très important. »

Mais ne venait-elle pas de dire qu’elle était nouvelle ? Alors ça voudrait dire qu’elle n’était qu’en première année aussi et qu’elle était en retard… non quelque chose clochait. « Tu rentres en quelle classe justement dis moi ? Parce que si tu étais en première classe tu serais justement déjà en cours donc je pense que tu es déjà un peu plus âgée en fait. Enfin si tu cherches quelque chose ou que tu ne sais pas trop où aller n’hésite pas à me demander, ça fait longtemps que je suis là moi. » Et un dernier sourire, comme pour l’encourager.

Elle trouvait que Lottie était un joli prénom. Ca l’était peut-être. Pour n’importe qui cela aurait été peu ; pour moi c’était beaucoup. Je me demandais juste depuis quand cela me touchait. En tout cas, quelque chose en moi s’était dénouée en présence de Melody. Je me sentais mieux. Plus tranquille, certainement. J’espérais simplement que cette sensation dure le plus longtemps possible. Mais je savais qu’il suffisait que je plonge à nouveau mon regard par-dessus l’épaule de la jeune femme, pour que l’angoisse reprenne le dessus.

- Pépé ? C’est marrant comme nom !
Mais dis moi c’est un ours ou je me plante complètement ? On dirait que ça fait super longtemps que tu l’as.

Cela faisait presque dix ans maintenant. Je l’avais récupéré après le départ de mon voisin de chambre, à l’hospice. Je m’entendais bien avec lui, je crois. Il était toujours fourré avec sa peluche dans la main. Il me semblait que c’était lui qui l’avait appelé ainsi. Je ne sais plus trop. Comment il s’appelait déjà ? En tout cas, tout ce dont je me rappelle, c’est qu’un jour il est parti. Son père est venu chercher ses affaires. Et il m’a donné Pépé. Moi, je n’en voulais pas ; le garçon n’aurait pas voulu s’en séparer. Il m’a juste répondu qu’il n’en aurait plus besoin. Et il l’a laissé. Un sourire traversa discrètement mes lèvres. J’étais un peu perdue dans mes pensées. Cela faisait longtemps que je n’avais pas pensé à lui, en réalité. J’observais subitement la peluche, puis me mis à rire. « Ca fait pas mal de temps oui ! » C’est vrai, qu’elle n’était plus très jolie maintenant.

- C’est un lapin, en fait. Mais les oreilles en ont pâti depuis le temps !

- Si tu veux je te montrerais les miens quand tu seras installée dans ton dortoir. J’en ai tout plein, tout plein ! Ça rend ma meilleure amie dingue, comme je partage ma chambre avec elle… et ma tante qui travaille ici aussi. Elle dit que je suis trop vieille pour tous ces nounours mais bon je ne suis pas vraiment d’accord tu vois.

Cela me faisait vraiment plaisir, en fait. Evidemment, j’aurais été heureuse de rencontrer ses peluches. Peut-être un jour. Je les considérer comme de petites personnes. J’imaginais qu’elles avaient une âme, qu’elles étaient un peu comme le reflet de la notre et qu’il y avait une part de vivant en chacune d’entre elles. Parce qu’elles vivent ce que nous vivons et nous connaissent mieux que personne. Ce que nous sommes en secret.
Melody devait être à l’EMA depuis vraiment longtemps. En tout cas, c’était l’impression qu’elle donnait. Elle était très à l’aise. Un peu comme si c’était sa maison, en fait. Et c’était en quelques sortes le cas. Sa meilleure amie partageait le même dortoir qu’elle, et sa tante travaillait ici. J’espérais pouvoir, un jour, être aussi bien intégrée qu’elle semblait l’être. Elle était vraiment, vraiment, gentille tout de même. Je lui adressai un sourire sincère. Puis, elle m’expliqua qu’elle commençait les cours la semaine suivante et que seul les premières années avaient déjà débuté.

- En fait je cherchais un ami à moi qui se fait un peu fantomatique cette semaine. C’est un peu embêtant de toujours passer son temps à le chercher… mais bon il finira bien par réapparaitre un jour.
De toute façon ce n’était pas très important.

Je rigolais. Elle semblait avoir de drôles d’amis. Cela m’amusait. Je commençais à me détendre, à dire vrai. En tout cas, je remerciais du fond du cœur cette personne étrange qui lui avait permis de croiser ma route. J’étais témoin d’un va-et-vient incessant d’élèves en tout genre. Et je voulais bien croire que les amis, cela se perdaient bien vite par ici. Au sens propre, néanmoins.

- Tu rentres en quelle classe justement dis moi ? Parce que si tu étais en première classe tu serais justement déjà en cours donc je pense que tu es déjà un peu plus âgée en fait. Enfin si tu cherches quelque chose ou que tu ne sais pas trop où aller n’hésite pas à me demander, ça fait longtemps que je suis là moi.

Je rentrais en première classe ; du moins c’était ce qu’on m’avait dit. Melody proposait son aide. C’était sympa de sa part. En vérité, j’étais toujours autant perdue, et finalement je ne savais strictement pas où aller. Je n’avais aucune idée de ce par quoi je devais commencer, en arrivant au sein de l’établissement scolaire. C’était idiot, c’est vrai. Mais il n’était pas exclu que j’eusse était la seule dans cette situation. Milward m’avait juste aidé à savoir qui j’étais réellement. Ensuite, il m’avait fait accéder à EMA sans indications particulières. Peut-être que c’était ainsi pour la plus part des gens après tout. Et je pensais soudainement que le bon Dieu en personne m’avait envoyé la jeune femme, pour me venir en aide.

- C’est gentil. Je suis en première classe ! Je viens d’arriver, il y a quelques minute à peine … Je ne sais pas vraiment ce que je dois faire à dire vrai. Tu pourrais m’aider ? Je suis complètement perdue …

Alors là, j’avais vraiment du bol. Cela me faisait plaisir et j’étais heureuse, réellement. Je commençais à avoir mal aux jambes à forces de rester debout. Mais ça m’était égal, après tout. C’est comme même à ce moment là que je compris à quel point j’étais de petite taille. Melody était plus grande, certes, mais pas que par sa stature ; elle l’était aussi physiquement. Elle semblait plus réfléchie, plus mature également.

- Melody, tu es en quelle année toi ?
Au fait … Merci.

Spoiler:

Elle avait enfin l’air plus à l’aise et j’étais fière de moi. J’avais réussi à aider quelqu’un alors que je n’étais pas la personne la mieux placée pour réussir ce genre d’exploit. J’espérais juste qu’elle réussira juste à se faire très vite des amis car nous étions tout de même séparée par deux niveaux, elle qui était une toute nouvelle arrivante et moi bientôt à la fin de mon année scolaire. Enfin je n’en doutais pas trop, j’y étais bien parvenu moi alors que j’étais pareille à l’époque… même si moi je n’étais pas toute seule c’est vrai. Je me demandais bien pourquoi personne ne l’avait accompagné en ce premier jour pour elle, ce n’était jamais évident de commencer une nouvelle année, dans une nouvelle école, surtout quand cette dernière était aussi particulière.

« Moi je suis en cinquième classe… bientôt la fin, le diplôme…. Le temps passe tellement vite que j’ai parfois un peu l’impression d’avoir commencé mon tout premier jour ici hier. Alors que ça fait quand même cinq ans. » Ah nostalgie quand tu nous tiens. « Mais tu viens d’ailleurs ? Fin je veux dire d’une autre école puisque tu arrives en deuxième classe et non en première ? » Elle n’avait pourtant pas l’air d’une étrangère mais à son air elle ne semblait pas originaire de Sydney ou des environs non plus… et ça m’intriguait un peu. Avec la découverte du Vieux Sanctuaire et tous ses parents et autres professeurs qui envoyaient les élèves les plus doués, dans l’espoir de les voir résoudre quelque chose et en tirer une quelconque gloire, on prenait vite l’habitude de repérer les élèves étrangers. Ça me faisait un peu repenser à Skye et ses plans foireux concernant ce fameux Sanctuaire et sur le coup je trouvais ça tellement ridicule… enfin ce n’était pas vraiment le moment de penser à cela.

Et je préférai me réoccuper de Lottie. « Bien sûr, je serais ravie de t’aider. » Sourire. « Tu as envie de voir, savoir quelque chose en particulier ? Genre visiter le bâtiment, avoir un topo sur les professeurs et les cours ou que je t’accompagne juste chez le secrétaire pour qu’il t’explique tout et te donne les informations pour ton dortoir que tu puisses t’installer aussi ? » Il y avait tant de choses à faire que je me demande si je n’aurais pas dû lui expliquer un peu mieux dès le départ au lieu de lui laisser le choix… « Ou tu préfères qu’on fasse tout plutôt peut-être ? Ça serait plus simple je pense. Genre je t’emmène d’abord voir l’administration pour ton dortoir et dire que tu es là puis une fois que c’est fait je peux te faire faire le tour de l’école et répondre à toutes les questions. »

Techniquement je pense que c’était là tous ses soucis mais si j’avais oublié quelque chose elle pourrait toujours me le dire. En espérant qu’elle ne soit pas trop timide pour ça. Mais je pense que le plus important c’était surtout de lui présenter l’école en elle-même, histoire qu’elle connaisse déjà les endroits les plus importants et qu’elle ne risque pas de se perdre dans les couloirs. Ça doit être vachement gênant de se perdre parce qu’on se trompe d’étage ou d’aile pour arriver plusieurs bonnes minutes en retard à votre tout premier cours. Surtout que ce sont généralement des événements qui marquent vos camarades et qui vous poursuivent un peu moment.

« Et surtout si tu as des questions tu n’hésites surtout pas, j’ai tout le temps que je veux devant moi donc ça ne me gêne absolument pas. » Autant lui dire de suite que c’était de bon cœur, c’était préférable à mon sens. « Et de rien. »

Melody proposait son aide de façon tellement naturelle et de si bon cœur que ça en devenait presque déconcertant. Enfin, c’était plus qu’adéquat, c’était miraculeux. Parce que, cela aurait pu très mal se terminer, je le savais et je m’y attendais. Mais à ce moment précis, je songeais qu’elle était, peut-être, un ange gardien descendant directement du ciel, afin de me venir en aide. J’étais enchantée. Sincèrement.

- Je viens de Perth, c’est à l’autre bout de l’Australie. Mais c’est la première fois que je rentre dans une école comme l’EMA.

Enfin, c’était la première fois que je rentrais dans une école tout court. La première fois, depuis longtemps, que je voyais autre chose que la clinique et ses alentours, dont je connaissais chaque recoin. Paradoxalement, le monde extérieur m’était totalement inconnu. Mais il me semblait que voir autre chose que la maladie, qu’élargir mes horizons m’était favorable, puisque jusqu’à maintenant mon cerveau ne me jouait plus aucuns tours. Situation propice et inattendue.

- C’est une bonne idée. Je crois n’avoir aucune question, à vrai-dire … Ou trop peut-être. Je ne sais pas par quoi commencer, c’est vraiment nouveau pour moi tout ça … Et c’est assez chamboulant de … enfin, d’entrer dans une école dans ; dans - ce genre.

Tout en emboitant le pas à mon interlocutrice, je tentais de mettre de l’ordre dans ma tête. Je ne comprenais pas comment tout cela pouvait être plausible. La magie et tout le tralala, c’était bon pour les enfants. Et les adultes un peu trop rêveurs. Mais c’était pas tangible. C’était impossible théoriquement. Et pourtant, depuis l’arrivée de Milward, j’y croyais plus que tout et ne doutais plus une seconde que tout cela existait bel et bien. C’était le genre de révélations qui changeaient des vies. Irrévocablement.

- Est-ce qu’on peut voler ? Ou bien, devenir invisible ? Concrètement, est ce qu’on a vraiment des pouvoirs ? Je veux dire … C’est comme dans les films ou les comtes pour enfants ?

Des milliers de questions me brulaient les lèvres. Je resserrai un peu plus mon étreinte contre Pépé et réajusta les sangles de mon sac à dos. En réalité, tout cela n’était peut-être qu’un rêve. Peut-être que rien ne s’était vraiment passé, après tout. Et … peut-être qu’il n’y avait rien de plus réel.
C’était tout ce dont j’espérai.

J’avais envie de continuer mes questions sur ses origines, d’en savoir un peu plus. Car ce n’était pas franchement un cas courant. Mais je me retins, parce que j’étais intimement persuadée que ce n’était pas une bonne idée du tout. Si elle désirait en parler elle le ferait bien d’elle-même mais puisqu’elle évoquait déjà qu’elle n’avait jamais été dans une école de sorcier c’était bien qu’il y avait quelque chose de particulier quelque part. Quelque chose qui ne devait certainement pas être des plus agréables à dévoiler. Un peu comme toi avec ta maladie que tu tentes de nier par toute la force de ton âme. Mais toi tu n’as pas été recalée à cause de ça donc tu es certaine que pour Lottie ce n’est certainement pas de cet ordre là. Mais ce n’est pas tes affaires alors tu n’y penses déjà plus.

Et puis il y avait sa question sur la magie. Une question qui me laissa un peu perplexe, personne ne lui avait donc tout expliqué ? Ou bien même avec l’explication du sorcier qui l’avait cherché pour l’emmener récupérer son essence ne l’avait-elle pas convaincue ? Mais après tout c’était peut-être normal après tout, elle venait certainement d’à peine apprendre ce qu’elle était vraiment. « Eh bien ça dépend de quel conte ou films tu parles en fait. Par exemple si tu penses à la vieille sorcière avec son chapeau pointu et qui vole sur son balais alors non ce n’est pas du tout la même chose. Tout comme nous n’utilisons pas de baguettes non plus. » C’était les premiers éléments qui déroutaient la majorité des élèves ça.

« En fait nous travaillons avec les plantes, les pierres ou surtout les mots pour les potions et les runes par exemples. Les incantations sont très importantes aussi car elles sont à la base de la majorité des sorts. Mais ce qui compte les plus c’est la force de notre esprit et notre concentration. Il faut voir les choses et les ressentir pour qu’elles apparaissent comme on leur demande sinon il ne se passera rien. » Ou alors ça peut assez vite mal tourner en fait, mais pas la peine de l’inquiéter déjà.

« En fait il faut juste savoir que les choses ne se font pas comme… par magie si je puis dire. Faire de la magie ça demande beaucoup de travail. Mais sinon oui on peut devenir invisible ou léviter mais ça tu apprendras bien vite avec les cours qui nous sont dispensés. »

Nous venions alors de quitter le hall et d’entamer les premières marches du grand escalier. « Voila et comme promis je t’emmène à l’administration. Tu pourras faire la connaissance de Niels, enfin monsieur Whittaker le secrétaire de direction. Il est super gentil tu verras, il est particulièrement apprécié des élèves. Et après on ira t’installer dans ton dortoir. » Un sourire.

« Et puis surtout ne t’inquiètes pas. Je sais bien que la première année à l’EMA est un peu déroutante mais je suis sûre que tu trouveras vite des amis dans ta future classe qui voudront bien t’aider à ne pas te perdre dans les couloirs. Parce que je pense que tu as déjà pu le voir, l’école n’est que sur deux étages mais elle est super longue donc au début c’est un peu compliqué de s’y retrouver… Mais ne t’en fais pas on s’y fait très vite. »

J’étais véritablement intéressée par ce que me racontait Melody et toutes ses paroles devenaient à mes yeux des oracles.
Tout cela me semblait si fascinant … Evidemment, je n’avais pas passé les portes de l’établissement en étant complètement ignorante. Milward m‘avait enseigné certaine chose. Le principal néanmoins. Mais j’étais réellement inexpérimentée. Je n’avais encore aucune connaissance des lieux et je savais que tant que les cours n’auraient pas débutés, je n’aurais pas entièrement acquis tous les secrets de ce nouveau monde. Parce que oui c’était véritablement un nouveau monde pour moi.

-Voila et comme promis je t’emmène à l’administration. Tu pourras faire la connaissance de Niels, enfin monsieur Whittaker le secrétaire de direction. Il est super gentil tu verras, il est particulièrement apprécié des élèves. Et après on ira t’installer dans ton dortoir.
- Un dortoir. C'est-à-dire partager une chambre avec d’autres personnes ?

Elle me disait de ne pas m’inquiéter, que je me ferais des amis, que tout se passerait bien et que je m’y ferais vite. Je l’espérais. En tout cas, à ce moment précis j’étais chanceuse de l’avoir à mes côtés et je le savais. Soulagée de quitter ce lieu où proliféraient des élèves à foison, je continuais à suivre Melody alors que nous gravions un imposant escalier. Je devinais l’aboutissement d’un large couloir où se succédaient des rangés et des rangés de portes. C’est vrai qu’un nouvel apprenti inexpérimenté pouvait s’y perdre sans grand mal.

- C’est bizarre, alors. Parce que là, j’ai vraiment - vraiment - pas l’impression que j’arrivais un jour à m’y retrouver. Je rigolais, c’est peine perdue je crois ! Et puis il y a tellement d’étudiants … Je sais même pas s’y je te retrouverais. Parce que si ça se passe pas comme ça, si j’ai pas d’amis, je pourrais revenir te voir ? Je commençais à laisser la peur reprendre le dessus sur moi-même.

Mais petit à petit gagnée par l’excitation, je poursuivais mon interrogatoire. Au fond ma petite tête, une question me taraudait l’esprit. Je sentais mes mirettes briller de curiosité.

- Est-ce qu’on à réellement des vies antérieures ?

Parce que j’avais beau y croire, je ne comprenais pas comment c’était possible. Certaine chose dérivait dans mon esprit, comme une impression de déjà-vu ou quelque chose qui s’y approchait, mais ça ne durait jamais très longtemps et cela restait rare. Cependant, Milward m’avait expliqué qu’avec de l’expérience et beaucoup de travaille, les élèves aboutissaient à une certaine connaissance d’une vie passée. Et je me demandais si Melody … enfin si elle se souvenait de … Enfin, bref. Ce n’était certaine pas une chose à aborder de cette manière de toute façon.

hi i'm “ Contenu sponsorisé ”

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée